La crise politique au Portugal : un tournant pour le gouvernement de gauche

Le gouvernement portugais dirigé par le Premier ministre socialiste António Costa fait face à une période de turbulences et de tensions internes. En effet, plusieurs sujets controversés ont récemment provoqué des divisions au sein de sa coalition de gauche et suscité des questions sur la stabilité du modèle politique actuel.

Les racines de la crise

Il convient de rappeler que le gouvernement d’António Costa est en place depuis 2015, soutenu par une alliance inédite entre son Parti socialiste (PS) et deux formations politiques plus à gauche, le Bloc de gauche (BE) et le Parti communiste portugais (PCP).

Cette coalition, souvent appelée « geringonça », a réussi à mener une politique économique qui a redressé les finances publiques du pays tout en maintenant un certain niveau de protection sociale. Néanmoins, plusieurs défis sont venus ébranler cet équilibre précaire, dont notamment :

  • L’affaire Tancos : cette affaire de vol d’armes dans une base militaire en 2017 a entraîné des tensions au sein du gouvernement et des critiques contre le ministre de la Défense de l’époque, Azeredo Lopes, finalement contraint de démissionner.
  • La question des retraites : le BE et le PCP reprochent au gouvernement de ne pas aller assez loin dans la revalorisation des pensions de retraite, tandis que le PS estime déjà avoir fait des efforts significatifs en ce domaine.
  • Les tensions internes : plusieurs scandales et dissensions ont émaillé la majorité parlementaire, notamment autour du projet de loi sur l’euthanasie ou de la réforme du Code du travail.

Un contexte international défavorable

Au-delà des problèmes internes, le gouvernement portugais doit composer avec un environnement international moins favorable à sa politique économique. La crise sanitaire du Covid-19 a frappé de plein fouet l’économie du pays, fortement dépendante du tourisme, entraînant une récession importante et une remontée du chômage.

Selon le site d’actualités Notícias Comunidades Lusófonas, les politiques d’austérité menées par plusieurs pays européens et la montée des mouvements populistes et eurosceptiques rendent plus difficile la recherche de consensus au sein de l’Union européenne, qui joue un rôle clé dans le financement de la relance économique du Portugal.

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Le rôle crucial de la Commission européenne

Dans ce contexte, il est essentiel pour Lisbonne de maintenir de bonnes relations avec Bruxelles et de satisfaire aux exigences de la Commission européenne en matière de discipline budgétaire. Or, les divergences entre les partenaires de la coalition gouvernementale sur la manière d’atteindre ces objectifs risquent d’affaiblir la position du Premier ministre António Costa.

Quel avenir pour le modèle politique portugais ?

Face à ces défis, la question se pose de savoir si le modèle politique du gouvernement de gauche au Portugal pourra perdurer. Plusieurs éléments sont à prendre en compte :

  1. La popularité du Premier ministre : malgré les difficultés, António Costa continue de bénéficier d’une image positive dans l’opinion publique et son parti est crédité de bons scores dans les sondages.
  2. Le poids des formations politiques de gauche : le BE et le PCP ont réussi à peser sur certaines décisions du gouvernement, mais leur influence pourrait être limitée si le PS choisit de se rapprocher davantage du centre pour assurer sa survie politique.
  3. Les alternatives à droite : les partis de droite peinent encore à incarner une opposition crédible et capable de proposer un projet alternatif pour le pays, même si certains observateurs notent une légère remontée dans les intentions de vote.
  4. Le rôle des acteurs internationaux : la position de Bruxelles et des institutions financières internationales sera déterminante pour soutenir ou non la politique économique et sociale du gouvernement portugais.

La nécessité d’un réajustement politique ?

Au regard de ces éléments, il apparaît que le gouvernement de gauche au Portugal traverse une crise politique majeure, qui pourrait conduire à un réajustement des équilibres politiques internes. Ce changement de cap pourrait notamment passer par une clarification des positions respectives des différents partenaires de la coalition et une recherche de compromis sur les dossiers clés.

En fin de compte, le succès ou l’échec de ce modèle politique dépendra non seulement de la capacité du gouvernement à surmonter ses divisions internes, mais aussi de sa capacité à répondre aux défis économiques et sociaux auxquels le Portugal est confronté dans un contexte international complexe et incertain.