Le monde du cannabis et des cannabinoïdes ne cesse de nous surprendre avec de nouvelles découvertes. Depuis quelques années, le THC (tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol) sont les composés les plus étudiés et utilisés pour leurs propriétés médicinales. Cependant, des chercheurs italiens viennent de mettre en lumière deux nouveaux cannabinoïdes aux potentialités encore plus impressionnantes : le THC-P et le CBD-P.
L’origine de cette découverte révolutionnaire
En 2019, une équipe de chercheurs de l’université de Modène et Reggio d’Émilie en Italie a réalisé une étude sur les différentes variétés de cannabis disponibles dans leur pays. Leur objectif était d’identifier les composés présents dans ces plantes afin de mieux comprendre leurs effets sur l’organisme.
C’est ainsi qu’ils ont découvert la présence de deux nouveaux cannabinoïdes : le tétrahydrocannabiphorol (THC-P) et le cannabidiphorol (CBD-P). Ces deux molécules étaient jusqu’alors inconnues et leur structure chimique se rapproche de celle du THC et du CBD, mais avec une différence notable : la présence d’une chaîne latérale plus longue.
La nouveauté : une chaîne latérale plus longue
La principale différence entre les molécules de THC-P et CBD-P et celles du THC et CBD traditionnels réside dans la longueur de leur chaîne latérale, composée d’atomes de carbone. Cette particularité semble jouer un rôle important dans l’affinité de ces cannabinoïdes pour les récepteurs du système endocannabinoïde (SEC), qui sont responsables des effets produits par le cannabis.
Des effets potentiellement décuplés
Selon les chercheurs italiens, la présence de cette chaîne latérale plus longue conférerait au THC-P et au CBD-P une affinité pour les récepteurs du SEC bien supérieure à celle du THC et du CBD. Concrètement, cela signifie que le THC-P pourrait être jusqu’à 30 fois plus puissant que le THC, tandis que le CBD-P montrerait une activité similaire à celle du CBD.
Les implications médicales de cette découverte
Cette découverte ouvre la porte à de nombreuses applications thérapeutiques potentielles. En effet, si le THC-P est effectivement 30 fois plus puissant que le THC, cela signifie qu’il pourrait être utilisé en doses beaucoup plus faibles pour obtenir les mêmes effets. Cela pourrait notamment permettre de réduire les risques d’effets secondaires liés à la consommation de THC, tels que l’anxiété ou la paranoïa.
Quant au CBD-P, bien que son activité soit similaire à celle du CBD, sa plus grande affinité pour les récepteurs du SEC pourrait lui conférer des propriétés médicinales encore plus intéressantes. Il est donc possible qu’à l’avenir, le CBD-P vienne compléter ou même remplacer le CBD dans certaines applications thérapeutiques.
La légalisation de ces nouveaux cannabinoïdes
L’une des principales questions soulevées par cette découverte concerne la légalisation du THC-P et du CBD-P. En effet, si le THC est considéré comme une substance psychotrope et est donc régulé dans de nombreux pays, qu’en est-il du THC-P ?
Selon les chercheurs italiens, le THC-P n’est pas spécifiquement mentionné dans les listes de substances contrôlées en Italie, ce qui signifie qu’il ne serait pas illégal selon la loi actuelle. Toutefois, il est fort probable que les législateurs se penchent rapidement sur cette question afin de déterminer si le THC-P doit être soumis aux mêmes régulations que le THC traditionnel.
Le futur des produits à base de cannabis
Cette découverte soulève également des interrogations quant à l’évolution des produits à base de cannabis disponibles sur le marché. Si le THC-P et le CBD-P venaient à être légalisés, il n’est pas exclu qu’ils deviennent des ingrédients courants dans les produits à base de cannabis tels que les huiles, les crèmes ou encore les e-liquides pour cigarettes électroniques.
Un champ de recherche encore à explorer
Si cette découverte est indéniablement passionnante, il convient de garder à l’esprit qu’elle soulève encore de nombreuses questions. Les chercheurs italiens sont les premiers à admettre que leur étude n’a fait que mettre en lumière l’existence du THC-P et du CBD-P, sans pour autant approfondir leurs propriétés et leurs effets sur l’organisme.
Ainsi, de nombreuses recherches supplémentaires seront nécessaires pour mieux comprendre ces nouveaux cannabinoïdes et déterminer comment les exploiter au mieux dans un cadre médical ou récréatif. Une chose est sûre : la science du cannabis est loin d’avoir livré tous ses secrets.